Aragonaises d'Anso
Alexandre Antigna
1872
huile sur toile
h = 121 cm ; l = 164 cm
Antigna a voyagé en Espagne à partir de 1857 et comme beaucoup de ses contemporains, il puise dans les pays du sud des sujets exotiques. Mais à la description anecdotique des costumes de la région aragonaise, se mêle le souvenir des préoccupations sociales de sa jeunesse. Dans cette scène, il oppose l'aisance installée des jeunes femmes, appuyées au mur de pierre, à la pauvreté errante des jeunes mendiants aux vêtements en lambeaux. Le contraste entre l'enfance heureuse et l'enfance malheureuse est très marqué dans les couleurs et dans les attitudes : le bébé rose et choyée qui donne, et le sauvageon ont brûlé de soleil qui quémande.
C'est une vision cruelle de l'inégalité qui apparaît derrière l'écran lumineux et colorée de la peinture, au-delà du pittoresque des personnages et des costumes. Pourtant, on ne peut qu'être séduit par le chatoiement et la vivacité des couleurs. La lumière nuancée, quoique éclatante, qui règne ici, nous rappelle que le tableau est contemporain des débuts de l'impressionnisme dont relève, peut-être, le bleu très cru du ciel et le traitement en masse imprécise de la paille, à droite.