Tête de vieille femme
Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix
1824
Huile sur toile
H = 41cm ; l = 33cm
Au début du XIXe siècle, à la faveur de la décadence de l'empire ottoman, les Grecs, dominés par les Turcs depuis la seconde moitié du XVe siècle, tentaient de recouvrer leur indépendance. Les principes de la Révolution française et la prise de conscience du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes avaient créé un climat psychologique favorable qui aboutit, le 22 février 1821, au déclenchement de la révolution nationale. Une guerre de libération soulève assez rapidement Athènes puis les îles et provoquent de nombreux massacres de population dans les deux camps. Un congrès national des insurgés proclame le 12 janvier 1822 l'indépendance des Grecs. La réaction des Turcs ne se fait guère attendre ; ils attaquent de nouveau et, en avril 1822, se livrent au massacre et à la déportation de la population grecque de l'île de Scio. Ce n'est qu'en octobre 1827 que la flotte turco-égyptienne fut définitivement écrasée par la coalition anglo-franco-russe venue enfin soutenir le peuple des Hellènes.",
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"text": " grâce au journal du peintre. L'artiste avait souhaité témoigner dans sa peinture de cette tragique actualité dont se faisaient largement écho la presse et les intellectuels de la vieille Europe. En mai 1823, il note qu'il s'est enfin décidé pour le Salon à peindre les Scènes de massacres de Scio. Ce n'est que le 12 janvier 1824 qu'il commence ces premières études, peu après avoir rencontré le colonel Vautier, Français au service des Grecs. Jusqu'à l'ouverture du Salon de 1824, il va travailler à cette oeuvre. En avril, il indique dans son journal qu'il vient de retoucher la vieille dans sa grande toile. Au Salon, Delacroix choisit de présenter l'étude pour cette tête, lui donnant ainsi un statut particulier entre la figure d'expression, chère à l'enseignement reçu de l'Ecole des Beaux-Arts, et l'esquisse très achevée préparant une grande composition. ",
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